Cet article a été publié initialement sur Miss280ch.com en 2020 avant d’être dupliqué ici
L’Explorer est un gros SUV 7 places signé Ford avec une motorisation affichant 457 ch, c’est l’engin idéal si vous voulez agacer quelques élus écologistes. Avec un gabarit et un poids à l’américaine, nul doute qu’il va faire grincer des dents, et pourtant, c’est un modèle hybride rechargeable (PHEV) donc relativement vertueux selon les normes actuelles, de quoi jubiler intérieurement et se faire plaisir en faisant la nique à quelques bien-pensants au passage. Voilà qui donne un peu le ton de cet essai du Ford Explorer réalisé au mois de septembre.
Un bon gros SUV qui ne laisse pas indifférent
Alors que le marché de l’automobile est envahi de petits SUV urbains relativement inutiles qui jouent sur un style vaguement baroudeur, mais surtout design, Ford ose nous ramener en Europe cet Explorer. Il a été annoncé et présenté au salon de Francfort 2019, mais je n’y croyais pas pour la France, et puis j’étais surtout concentrée sur le Ford Puma qui était très prometteur pour les ventes.
Car le Ford Explorer, c’est le genre de véhicule qui se fond dans le paysage aux USA, mais beaucoup moins sur nos routes françaises (et européennes). Ses dimensions sont assez explicites 5.06 m de long, 2.28 m de large et 1.73 m de haut, pour un poids d’un peu moins de 2.5 tonnes, pour vous faire une idée c’est un peu plus imposant que le Tesla Model X (sauf pour le poids).
En plus, cet effet de volume est amplifié par un design massif et musclé, surtout sur la face avant. Sa calandre verticale en impose, qu’elle soit d’ailleurs chrome sur la finition Platinum ou noire sur ST-Line. Il manque par contre selon moi un élément esthétique à l’arrière pour asseoir le véhicule, car si l’avant du Ford Explorer est très agressif, l’arrière est à mon sens plus fade.
Au départ des portes de Paris, je craignais un peu la taille de ma monture du jour pour m’intégrer dans la circulation dense, mais étrangement les gens avaient tendance à nous laisser le passage dans nos changements de voies. Le design et le gabarit du Ford Explorer ne sont probablement pas étrangers à cela.
Une familiale tout confort
Autant vous dire que l’on ne manque pas de place à bord du Ford Explorer, notamment à l’avant. Les places arrière offrent aussi pas mal d’espace sur la seconde rangée, un peu moins sur la dernière, mais elle peut quand même accueillir des passagers jusqu’à 1m70. Les sièges coulissent aux deux extrémités pour laisser plus de modularité, en tout cas on ne manque pas de places aux jambes.
J’ai apprécié le confort des sièges avant, avec une assise assez large (à l’américaine quoi), des sièges qui sont à la fois chauffants, ventilés et massants, et je peux vous confier que j’ai largement abusé des différents modes de massage de ces sièges avant, aussi bien en conducteur qu’en passager.
En configuration 5 places, le coffre offre 635 litres de contenance, mais seulement 240 litres en 7 places (enfin un peu plus de 330 litres quand on fait du Tetris jusqu’au plafond).
Maintenant, soyons réaliste, l’intérieur est bon pour une Ford, mais on reste derrière les qualités de finition des concurrents BMW, Volvo, ou Lexus qui offrent aussi des grands SUV 7 places hybrides. Si vous êtes habitués aux modèles premium, ce n’est pas vraiment le cas ici, mais est-ce pour autant choquant ? Pas forcément, car oui, il y a des plastiques durs et des assemblages un peu maladroits, mais le modèle est bien équipé et bien pensé pour le confort de ses occupants. Et côté prix, il se situe quand même en dessous des autres : à partir de 77 000 € pour la finition ST-Line et 79 000 € pour Platinum.
Parmi les éléments de confort inclus, on trouve :
- un grand toit panoramique et ouvrant,
- un système audio premium B&O de 980 watts à 14 haut-parleurs assez bon,
- le modem 4G Wifi FordPass pour connecter les téléphones et tablettes de toute la famille,
- 5 prises de courant, 2 ports USB pour les deux premières rangées, 12 porte-gobelets
- la recharge de téléphone par induction
- un système de climatisation tri-zones.
- l’écran tactile central de 10,1 pouces en mode portrait avec le système SYNC 3.6 plutôt facile à manipuler.
On retrouve également toutes les aides à la conduite habituelles sur ce genre de véhicules avec Ford Co-Pilot 360. A vrai dire, je ne sais pas vous citer ce qu’il manque à ce Ford Explorer.
Dernier avantage de ce modèle, il peut tracter jusqu’à 2.5 tonnes, là encore cela ne concerne pas tout le monde, mais je pense à tous ceux qui ont des loisirs un peu envahissant à déplacer (van à chevaux, bateau, plateau avec voiture pour circuit… ), c’est un argument qui peut en convaincre certains.
Sous le capot du Ford Explorer et sur la route
Voilà sûrement le plus important de ce modèle. Pour une fois que l’on a sous la main un moteur qui dépasse les 4 cylindres dans un SUV, et en plus électrifié, cela mérite que l’on y prête un peu d’attention.
Cet Explorer est donc équipé d’un moteur essence Ford Ecoboost V6 3.0L qui est couplé à un moteur électrique, un générateur et une batterie de 13,6 kWh pour la partie « plug in hybrid ». Il affiche une puissance cumulée de 457 ch (357 ch + 100 ch) et un couple de 825 Nm, autant vous dire que cela commence à piquer la curiosité. Ce modèle n’est disponible qu’en boîte automatique 10 rapports, que l’on connaît déjà chez Ford.
Ce moteur puissant est associé à une transmission intégrale dite intelligente, elle optimise la motricité en fonction de différents paramètres et capteurs. Nous avons d’ailleurs mis le Ford Explorer dans des conditions off-road pour voir ce qu’il en était plus concrètement. Vu le gabarit de l’auto, il ne faudra pas forcément trop lui en demander, mais avec les différents modes (Normal, Sport, Trail, Glissant, Remorquage, Eco, et Neige et sable), il s’en sort plutôt bien.
C’est sur les pistes du domaine du Marquenterre en Baie de Somme que nous avons roulé tantôt en 100% électrique pour profiter du silence de la nature, et le reste du temps en hybride pour avoir toute la puissance du moteur thermique pour franchir certains obstacles. Même sur le sable assez meuble, on a réussi à faire passer l’Explorer (sans se tanker), cela ne sera pas un franchiseur, mais je valide le côté baroudeur du dimanche.
Passons les capacités off-road qui n’intéresseront finalement pas tant de clients, et intéressons-nous plutôt à son comportement sur la route. De la puissance, le Ford Explorer n’en manque pas, il a même la fâcheuse tendance à bondir au démarrage, il faut vraiment être très doux sur l’accélérateur surtout dans la circulation urbaine. Mais dès que la route se dégage, c’est un vrai plaisir, aussi bien en 100% électrique qu’en hybride d’ailleurs.
Le Ford Explorer permet de faire 42 km en 100 % électrique selon la norme WLTP, bien sûr cela dépendra du trajet en question, mais il permet de s’en approcher sans trop de difficulté. Comme sur d’autres modèles PHEV de la marque, on retrouve différents modes de gestion de la batterie électrique :
- EV auto, pour laisser la voiture gérer son mix entre électrique et hybride
- EV Now, force l’utilisation du mode électrique jusqu’à quasi-épuisement de la batterie
- EV Later, garde globalement l’autonomie de la batterie pour une utilisation ultérieure
- EV Charge, pour recharger la batterie électrique avec le moteur thermique (ce qui fait grimper la consommation d’essence)
Le silence du mode électrique est appréciable, mais le son du V6 l’est aussi, et si on bascule sur le mode Sport (qui offre la puissance max) je dois avouer que d’enfoncer la pédale d’accélérateur fait du bien. Par contre, ça va gloutonner (aussi bien l’essence que la batterie) si on en abuse, mais bon de temps en temps il faut bien se faire des petits plaisirs, c’est tout l’intérêt d’avoir un V6 sous le capot.
Les reprises sont là, les accélérations suivent aussi sans broncher les sollicitations, il faudra par contre peut-être un peu plus se méfier du freinage de la bête. Avec 2.5 tonnes sur la balance, il faudra un peu anticiper si l’on ne veut pas se faire surprendre et se mettre debout sur les freins. Malgré son poids, j’ai trouvé la tenue de route maîtrisée, il aurait fallu pouvoir tester l’Explorer sur une route de montagne pour vraiment juger de la prise de roulis et tester ses limites en conduite dynamique. Ce n’était pas le cas lors de cet essai qui nous a surtout permis de tester ses qualités de routière.
En bref
Dans les grandes lignes, on a un modèle de grand SUV familial bien équipé, pour une offre commerciale débutant à 77 000 € pour sa version ST-Line. Il ne lui manque rien de spécial pour séduire les clients. Le seul élément qui pourrait un peu pécher pour convaincre la cible prête à dépenser cette somme pour un SUV 7 places PHEV, et qui pourrait sinon se tourner du côté de Volvo ou BMW (par exemple), c’est des finitions un peu trop à l’Américaine avec des matériaux pas toujours très flatteurs et des assemblages plus basiques. Si après on a besoin que de 5 places, la concurrence se diversifie, mais on ne trouvera pas aussi gros et peut-être pas aussi fun.
Le moteur est en tout cas la bonne surprise de cet essai, un bon agrément, une bonne réactivité, une sonorité agréable (et un peu « pousse-au-crime »). Un essai plaisant pour découvrir cette sacré bestiole attachante que l’on ne croisera pas en masse sur nos routes. C’est aussi peut-être la carte à jouer pour sortir des sentiers battus, pour être original, il suffit d’opter pour le Ford Explorer.
Investir dans un modèle plug-in hybrid (PHEV) entraîne un surcoût face à une motorisation thermique, mais elle permettra à celui qui joue le jeu de recharger son véhicule (5h50 sur une prise domestique et 4h20 sur une wallbox) d’obtenir des consommations plus douces avec le portefeuille. Par exemple sur un trajet de 100 km de petites routes de campagne (pas en écoconduite), cela me donnait 7.1 l/100km, plutôt raisonnable pour 457 ch, non ?
Et puis le surcoût de la motorisation PHEV est vite amortie, car il n’y a pas de malus astronomique à prévoir sur ce Ford Explorer, en équivalent thermique il aurait probablement flirté avec les plafonds maximum. Ici, les émissions de CO2 sont homologuées à 71 g/km (WLTP), ce modèle hybride permettra d’obtenir une carte grise gratuite ou réduite dans bon nombre de départements (mais pas tous), pas de malus et une exonération de TVS. Le volet fiscal sur une grosse motorisation comme celle-là fait d’un coup spécialement apprécier l’électrification du modèle.
Le Ford Explorer est un modèle qui mérite d’être connu dans son segment. Malgré son gabarit énorme, j’ai pris plaisir à faire cet essai.
Rendez-vous dans quelques semaines sur Miss280ch.com pour un autre article sur les modèles électrifiés de la gamme Ford (de la Ford Fiesta au Ford Transit).
p.s : les photos off-road ont été réalisées dans des domaines privés, à ne pas reproduire en dehors de terrains prévus à cet usage 😉
Nouveauté (et test pour le coup aussi) : vous pouvez écouter la lecture de cet article au format podcast ! En espérant que ça vous plaise.