L’ID.4 de Volkswagen est le second modèle de la nouvelle famille de produits nommée ID, sous la forme d’un SUV familiale pour ce deuxième opus. Une gamme qui semble vouloir faire table rase du passé de la marque pour se recréer grâce à la mobilité 100 % électrique.
Cet essai du VW ID.4 Pro Performance a eu lieu il y a plusieurs mois déjà, mais je reste toujours assez partagée sur cette prise en main du modèle. Sur le papier, l’ID.4 a tout pour marquer des points auprès de la clientèle ciblée, mais lors de notre session d’essai, le programme, qui devait mettre en valeur les points forts du modèle, s’est retourné contre lui à cause de la météo.
Alors, quand les performances ne semblent pas probantes, et que le style intérieur et l’équipement n’est pas vraiment ce que l’on attendait, cela donne le cas de conscience face auquel je suis vis-à-vis de ce modèle, dont j’ai longtemps repoussé l’écriture de l’essai. Histoire de crever l’abcès, je vais partager ce qui a entaché cet essai de l’ID.4, et ensuite présenter la raison pour laquelle il ne faut pas s’arrêter à cela.
Un essai en demi-teinte
Forcément, si Volkswagen avait pu choisir la météo de son essai, il ne l’aurait probablement pas fait un jour où les températures oscillaient autour des 10° avec quelques belles averses, mais surtout pas alors qu’une tempête balayait le Nord de la France (notre destination) avec des vents forts.
On sait tous que la météo hivernale n’est pas vraiment le meilleur moyen de mettre en valeur les voitures électriques, et ça l’est encore moins quand plus de 60 % de l’itinéraire de l’essai se déroule sur autoroute, ce qui n’est, encore une fois, pas l’environnement favorable au VE.
L’avantage de cette session autoroute avec vent de face, c’est que tous ceux qui ont participé à ces journées se souviendront longtemps de l’essai ID.4. Celui, où après avoir fait le plein d’électron sur la recharge Ionity de l’aire de la Baie de Somme, nous étions tous pressés de rejoindre Roissy pour rentrer avant le couvre-feu, mais qu’après quelques kilomètres à 130 km/h, nous avons tous fait le même calcul. À cette vitesse, aucune de nos ID.4 ne pourrait rejoindre notre destination sans se brancher de nouveau, ce qui n’était pas prévu. Mais je vous rassure, une fois à 110 ou 120 km/h, on arrivait à bon port, du moins si on n’était pas resté trop longtemps bloqué sur l’idée de rentrer à 130 km/h. À 130 km/h, avec les fortes rafales de vent dans le nez ou de biais, pour chaque borne kilométrique de l’autoroute, on perdait sur le compteur entre 3 et 4 km d’autonomie.
J’entends déjà les pro-thermiques jubiler, mais avec des conditions pareilles leur consommation d’essence aurait, elle aussi, eu du plomb dans l’aile. Ils bénéficient juste de la faciliter de refueler et de sortir la CB pour payer l’essence à prix d’or sur autoroute. Cela changera dans quelques années…
Du coup, que ce soit sur l’autoroute, ou le réseau secondaire difficile de se rendre compte de l’efficience, ou non, du Volkswagen ID.4. Premier sujet de frustration de cet essai, car c’est finalement une part importante de mon jugement d’un véhicule électrique. Autant dire qu’au quotidien, l’ID.4 doit faire largement mieux que ces résultats :
- 26.3 kWh/100 km pour 176 km d’autoroute avec 112 km/h de moyenne
- 20.0 kWh/100 km pour 291 km (avant la recharge Ionity et le retour 100 % autoroute), sur un programme 1/3 autoroute et 2/3 réseau secondaire.
- 22.4 kWh/100 km pour les 468 km réalisés sur la journée d’essai
Le deuxième point négatif relève un peu plus du goût personnel, je n’adhère pas au style intérieur de la gamme ID et à son selecteur de vitesse derrière le volant (peu pratique pour une manoeuvre rapide). Cela était déjà le cas lors de sa présentation au salon de Francfort. Certains adorent, c’est plus épuré, plus moderne, plus disruptif. Je trouve personnellement que cela fait plus cheap que ce à quoi on peut s’attendre quand on a un sigle VW sur la carrosserie. Il faut dire que mon dernier essai d’une Volkswagen était la Golf 8 et il y a quand même une différence marquante. Et vu les budgets que l’on doit débourser pour avoir un modèle bien équipé, j’ai comme une petite arête coincée au travers de la gorge. Même sans avoir eu l’occasion de l’essayer, je lui préfère nettement le style intérieur du Skoda Enyaq pour rester dans les modèles partageant la même plateforme.
Il faut dire que mon modèle d’essai misait sur une combinaison quelque peu audacieuse, du blanc pour le volant (quelle idée !!), les écrans et quelques rappels sur les portières, de sièges bicolores gris et marron, et le reste du plastique noir (dont des éléments en noir piano). Je ne suis pas designeuse d’intérieur, mais si on combine marron, gris, noir et blanc sur une tenue portée, je pense que l’on peut entendre d’ici crier Cristina Cordula pour nous dire « Ma Cheriiiiiiiiiiiiiieeeeeeeee, ça va pas du tout, du tout !! c’est pas magnifiiiiiiiiiiique du tout ! ». Le cockpit blanc est sûrement censé créer la rupture avec le style austère généralement attribué à VW, certes, mais je me demande s’ils ont pensé à la longévité et l’entretien, ceux qui ont eu des intérieurs beiges savent de quoi je parle.
Pour le reste, l’ID.4 est une bonne proposition
> Design
Côté design extérieur, l’ID.4 est assez réussi. Ce n’est pas le modèle qui a le plus de caractère, mais avec ses lignes plus consensuelles, il plaira au plus grand nombre. Le trait allonge la silhouette de ce SUV familial, en enlevant le côté massif souvent reproché à ce genre de modèles par ses détracteurs. Il nous rappelle finalement plus les formes des monospaces (oui j’ose le dire).
Il est sobre, et l’absence de surenchère d’éléments stylistiques est plutôt bien vue. La signature lumineuse remplace avantageuse l’abondance de chrome que l’on pouvait retrouver sur les modèles qui se voulaient un peu premium.
> Habitabilité
Avec une longueur de 4.58 m et un empattement de 2.77 m, l’ID.4 n’est pas le plus impressionnant en termes d’habitabilité, mais il se place déjà bien au-dessus d’autres modèles thermiques plus traditionnels. Largement suffisant pour bon nombre de foyers qui cherchent un SUV logeable pour toute la famille. Le coffre offre une contenance de 543 L, pouvant aller jusqu’à 1575 L une fois les sièges arrière rabattus, et l’ID.4 peut accueillir un coffre de toit.
Et si vous le pouvez, optez pour le toit panoramique. Je ne l’avais pas sur ma version d’essai (1st edition), mais j’ai pu comparer avec d’autres véhicules en finition plus haute (1st edition max) et ça apporte un vrai plus aux occupants des places arrière du véhicule.
> Motorisations & batteries de l’ID.4
ID.4 est disponible en plusieurs versions :
- Pure avec la batterie 52 kWh, jusqu’à 345 km d’autonomie (wltp)
- Pro avec la batterie 77 kWh, jusqu’à 520 km d’autonomie (wltp)
Equipée de la petite batterie de 52 kWh, la version Pure se décline en deux puissances : 109 kW (Pure) ou 125 kW (Pure Performance), avec deux finitions au choix. Avec la batterie 77 kWh, il n’y a qu’une motorisation (Pro Performance) d’une puissance de 150 kW (204 ch), et 5 niveaux de finitions. Enfin, pour un modèle plus sportif, il faudra s’intéresser à la version GTX à 4 roues motrices.
L’objectif de Volkswagen est d’offrir un modèle qui ne sera pas uniquement le véhicule secondaire du foyer, mais bien la voiture principale (voire le seul véhicule), et avec une version équipée de la batterie 77 kWh, il tend à atteindre ce but. Ceci dit, si vous n’êtes pas un gros rouleur et si vous disposez de solutions de charge au quotidien, la version 52 kWh pourra probablement répondre à vos attentes.
Côté recharge, l’ID.4 Pro accepte jusqu’à 125 kW en charge rapide. Notre pause Ionity a duré 42 minutes pour remonter de 18 % de batterie à un peu plus de 80 %. Dans cette version, l’ID.4 est également équipé d’un chargeur embarqué 11 kW pour les recharges sur des bornes en courant alternatif. Par contre, la version Pure n’accepte que 100 kW en charge rapide et n’a qu’un chargeur 7.2 kW monophasé.
> Feeling au volant du VW ID.4
L’ID.4 est plaisant à conduire, y compris sur les longs trajets sur autoroute où les bruits aérodynamiques et de roulement sont bien contenus. Sur le réseau secondaire en mode confort, on pourra par contre lui reprocher une sensation de prise de roulis, pas forcément le plus agréable, mais cette impression est un peu plus gommée en mode sport. Le confort reste assez ferme, on demeure dans les habitudes de Volkswagen en la matière.
L’ID.4 n’est pas vraiment un véhicule dynamique, pour autant, on n’est pas non plus dans quelque chose de mou, il y a un bon compromis trouvé par Volkswagen. La direction est plutôt bonne et ne souffre pas de défaut. Et si l’ID.4 est un modèle propulsion, ne vous inquiétez pas, cela ne se ressent pas dans sa conduite, enfin, on en reparlera peut-être sur la neige cet hiver, car plus de 2 tonnes avec de grandes jantes et propulsion, ça pourrait être sport.
Ceci dit l’avantage du système propulsion sur l’électrique, c’est que cela libère de l’espace au niveau de l’essieu avant et offre un bon rayon de braquage à l’ID.4. Malgré sa taille, elle braque aussi bien qu’une citadine, cela peut se révéler utile dans certaines villes.
Il y a quelque chose que j’ai bien apprécié au volant de l’ID.4 (mais encore plus sur le Mercedes EQA), c’est le frein régénératif qui est plus important à l’approche d’un village ou d’un rond-point si l’on a la navigation enclenchée. On n’atteindra pas la conduite one-pedal, mais en anticipant un peu, on peut facilement passer de 80 km/h à 50 km/h à l’entrée d’un village, ou même appréhender un rond-point, sans même avoir à actionner le frein. En dehors de ce contexte, l’ID.4 est plutôt en mode roue libre (sauf à avoir enclenché le mode « B » sur le commodo de vitesse). C’est appréciable surtout si l’on adopte une conduite souple et anticipative, propre à l’écoconduite.
En bref …
ID.4 est un véhicule 100 % électrique plutôt agréable à vivre, coffre de bonne taille, espace à bord. En finition haute, l’ID.4 propose également de nombreux équipements technologiques de confort, dont des aides à la conduite plutôt utiles pour les longs trajets.
Concrètement ID.4 n’est pas une mauvaise voiture, du point de vue du style, de l’habitabilité et de son comportement routier. Et si je n’apprécie pas spécialement la disposition des écrans, le commodo sélecteur de vitesse, le côté « tout tactile » et la qualité des finitions intérieurs, c’est un choix très personnel que je ne tenterai pas d’imposer. Cependant pour avoir une version bien équipée, il vous faudra quand même débourser entre 55 et 60 000 € pour des versions équivalentes à nos véhicules d’essais, et là cette petite arête au travers de la gorge s’invite de nouveau pour nous chatouiller un peu. À ce tarif là, la concurrence peut venir perturber le plan de conquête du VW ID.4.
Pour les budgets plus serrés, ID.4 débute à partir de 39 370 € avec la batterie 52 kWh, et peut donc bénéficier du bonus de 6 000 €. Il n’est finalement peut-être pas utile d’avoir la folie des grandeurs.
Encore une fois, les consommations constatées lors de l’essai m’ont laissé un ressenti mitigé sur les performances d’ID.4, mais les mauvaises conditions météos font que l’on peut espérer que les consommations en temps plus clément soient plus intéressantes pour l’utilisateur. Je laisse donc le bénéfice du doute à cet ID.4 qui doit pouvoir jouer le rôle de voiture principale du foyer.