Charge rapide : le réseau secondaire restera-t-il snobé par les nouveaux opérateurs ?

Aujourd’hui, 1er février 2021, les péages subissent une nouvelle augmentation, comme c’est le cas tous les ans puisque les contrats de concession avec l’Etat le leur permettent. En fonction des réseaux, c’est entre 0,3 % et 0,65 % de hausse qui ont été appliqué ce matin sur les tarifs. Une mauvaise nouvelle pour l’ensemble des automobilistes, mais aussi l’occasion de remarquer que pour les véhicules électriques qui veulent voyager au long cours, c’est double peine.

En dehors de l’écosystème Tesla avec ses 87 stations pour plus de 740 points de charge en France qui couvre aussi bien les autoroutes que certains points de passage stratégiques pour les possesseurs d’un modèle de la marque, l’offre de recharge rapide / ultra-rapide / supercharge (enfin supérieure à 100 kW en courant continu) reste quasi-inexistante en dehors des autoroutes.

Les acteurs de la charge sur autoroute : IONITY, FASTNED…

Comme si en plus de devoir fonctionner en saut de puce, de charge en charge, pour couvrir sereinement les longues distances, l’automobiliste (roulant en électrique) ne peut choisir son itinéraire librement, mais le subir, imposé par l’implantation des bornes rapides et fonctionnelles (oui, car des bornes qui ne fonctionnent pas ça ne sert à rien, n’est-ce pas Izivia ?). C’est quand même une sacrée contrainte.

IONITY s’étend de plus en plus

Forcément, un réseau comme IONITY est bien obligé de choisir des priorités pour démarrer son implantation en France, en optant donc pour des installations sur les axes les plus fréquentés, puis en renforçant le maillage progressivement pour couvrir un peu toutes les zones, comme l’a assez bien fait Tesla avec quelques années d’avance.

Pour le moment en tout cas, on ne peut pas dire que la répartition des stations de charge IONITY soit vraiment équilibrée sur le territoire national, le réseau s’est surtout développé dans le Sud-Est, mais au moins l’opérateur a mis les bouchées doubles pour proposer désormais plus de 73 stations en France (et 330 bornes jusqu’à 350 kW) alors qu’il n’a démarré ses deux premières stations en France qu’en Aout 2018. Une belle croissance !

Fastned le nouvel entrant ?

Au mois de novembre, un nouvel opérateur s’est annoncé pour ouvrir des stations de charges rapides. Une bonne nouvelle que l’on relativise un peu à la lecture du détail du projet. Fastned est une entreprise néerlandaise, bien implantée au Pays-Bas et qui a commencé à installer ses stations en Allemagne, au Royaume-Uni, en Belgique et en Suisse, et qui vise désormais la France selon un modèle bien établi.

Fastned a remporté un appel d’offre lancé par APRR (Autoroutes Paris-Rhin-Rhône) pour implanter des stations de charge (offrant jusqu’à 350 kW) sur le réseau autoroutier de l’exploitant, 9 sont déjà programmées (et en attente de validation du Ministère des Transports).

Si la nouvelle est réjouissante, car la multiplication de la concurrence ne peut qu’être en faveur du développement du VE, le côté un peu décevant, c’est que ces stations sont implantées sur un secteur déjà couvert par IONITY. C’est certes une très bonne chose pour les gens qui utilisent les autoroutes APRR (comme moi), mais pas terrible pour les régions qui doivent désespérer de voir leur maillage en charge rapide s’étoffer.

Mais encore une fois, que l’on parle de Fastned ou Ionity, tout cela ne concerne pour le moment que des implantations autoroutières, et globalement visant des axes Paris vers une grande ville de province. Sont encore largement oubliés dans ces plans de charge rapide :

• les trajets de province à province,
• le fait d’emprunter partiellement le réseau secondaire pour « couper »
• la charge à destination (ou du moins aux extrémités du territoire), car c’est bien sympa d’arriver à St Nazaire ou Vannes avec 13 % de batterie, mais si on doit poursuivre sa journée sans immobiliser son véhicule de nombreuses heures, on est un peu bloqué.

Un espoir du côté de Total pour combler ce manque ?

Si les bornes Total offrant jusqu’à 175 kW sont pour le moment prévues sur des aires d’autoroute de la marque (comme sur l’aire de Limours Janvry), on peut espérer voir ces bornes s’installer également sur des nationales fréquentées et sur d’autres grosses stations péri-urbaines.

A minima, on pourra toujours espérer sinon du 50 kW entretenu par le groupe, qui tient quand même à son image de marque. Car on en a déjà fait l’expérience, c’est génial d’avoir des bornes de charge, mais si elles sont plus souvent en panne que fonctionnelles, car un tiers indéterminé doit se déplacer pour cela et n’y gagne rien, cela ne marche pas.

J’aborderai dans un prochain article la question de la tarification de ces charges sur autoroute, ainsi que celle des cartes et abonnements rattachés, car là aussi, c’est un joyeux bordel, mais ça faisait trop pour aujourd’hui.